Dans son prochain numéro, la Revue d’analyse institutionnelle - Les Cahiers de l’implication abordera la thématique de la professionnalisation. Les approches fonctionnaliste, interactionniste, marxiste et néo-wéberienne ont trouvé dans l’étude des professions un champ de bataille théorique se donnant à voir dans de nombreuses publications depuis trois quarts de siècle au point de se constituer en un champ de recherche spécifique désigné comme « sociologie des professions ».

 En sciences de l’éducation, la question de la professionnalisation est montée en puissance depuis le début des années 1990 à mesure que les systèmes de formation professionnelle connaissaient d’importantes mutations, en particulier une tendance forte à l’universitarisation. De nombreux travaux ont alors été menés qui ont travaillé le processus de professionnalisation comme transformation des pratiques professionnelles.

 Notre volonté est, dans cette période de grands remaniements institutionnels, d’interroger les pratiques professionnelles au moment de la banalisation de la notion de professionnalisation dans différents secteurs, entre autres ceux de la santé, du travail social, de l’éducation, de la formation et de la production du savoir. Nous examinerons ainsi les formes d’implications professionnelles des individus ainsi que les logiques fonctionnelles, institutionnelles et contre-institutionnelles, prescriptives et implicites, agissant dans et sur l’organisation et les rapports au travail, aux savoirs et savoir-faire.

 Nous nous proposons ainsi d’apporter notre contribution à l’éclairage d’un champ traversé par de nouveaux enjeux et effets institutionnels dont les ressorts restent à être déconstruits et analysés. Nous serons donc particulièrement attentifs au maniement des analyseurs permettant de suivre le travail du négatif par lequel la professionnalisation est aussi déprofessionnalisation.

Morad Amrouche, Régine Angel, Gilles Monceau et Anne Pilotti