Les Cahiers de l'implication, n°4 hiver 00/01

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Institutionnalisation

Ce quatrième numéro  s’intéresse au troisième moment du concept d’institution, celui de l’institutionnalisation.

Si ce concept est central dans l’Analyse institutionnelle, c’est qu’il est opératoire et - avant tout - éminemment politique. Il permet une lecture dialectique de l’institution visant à rendre compte de la transformation de forces sociales en formes sociales. Outre la question : « comment les mouvements deviennent-ils des institutions ? », il fait porter l’attention sur ce que nous instituons par nos actes, ce qui nous met au cœur du concept d’implication. L’institutionnalisation dépasse donc la vieille question individu/société et celle, aussi classique, du rapport entre le social et l’État.

Présentation du numéro

 

La construction de ce numéro a été marquée par deux évènements tragiques : le décès de René Lourau, membre de ce comité de coordination, et celui de Raymond Fonvieille. Celui-ci, co-fondateur de la pédagogie institutionnelle autogestionnaire, auteur de plusieurs ouvrages, participait régulièrement à nos activités éditoriales. Outre son inestimable travail de correcteur, il était le compagnon fidèle toujours prêt à « mettre la main à la pâte » lorsqu’on le sollicitait.

Travaillé dès sa thèse de doctorat, le concept d’institutionnalisation demeurait au cœur des préoccupations de René Lourau. La publication de son texte posthume « Formes parsonniennes, formes bakouniniennes d’institutionnalisation » en témoigne.

Ce numéro n’est pas un numéro de plus. Nous le produisons à un moment où l’Analyse institutionnelle s’interroge sur son avenir, son propre processus d’institutionnalisation. René Lourau affectionnait les auto-dissolutions. Ce qui nous guette n’est-ce pas plutôt l’évacuation de la dimension politique du concept d’institutionnalisation ? Ceci amènerait à transformer l’Analyse institutionnelle en une simple « théorie des institutions ».

Si le concept d’institutionnalisation est central dans l’Analyse institutionnelle, c’est qu’il est opératoire et - avant tout - éminemment politique. Il permet une lecture dialectique de l’institution visant à rendre compte de la transformation de forces sociales en formes sociales. Outre la question : « comment les mouvements deviennent-ils des institutions ? », il fait porter l’attention sur ce que nous instituons par nos actes, ce qui nous met au cœur du concept d’implication. L’institutionnalisation dépasse donc la vieille question individu/société et celle, aussi classique, du rapport entre le social et l’Etat.

Nous avons essayé de rendre compte des multiples facettes du concept tout au long de ce numéro. Dans la première partie intitulée Introductions au concept, René Lourau, toujours intéressé par les implications politiques du concept compare les conceptions de deux auteurs qui semblent de prime abord très éloignés - Bakounine et Parsons - tout deux chers à la production intellectuelle de l’auteur. Débora Sada, pour sa part, reprend le concept d’institutionnalisation pour marquer l’existence d’un moment particulier dans le processus qu’elle appelle « moment Agon » et qui marque l’instant de visibilité maximale des contradictions institutionnelles.

Une deuxième partie est consacrée à des Eléments de polémique. En effet, le travail du concept, jamais achevé, pousse nos auteurs, Jacques Guigou et Robert Marty à aller plus loin dans leurs questionnements. Jacques Guigou met en doute la validité même du concept en tant qu’outil d’analyse critique de l’Etat contemporain. L’aporie sous roche est constitué de lettres entre Robert Marty et René Lourau autour du concept d’institutionnalisation. Ce texte pointe une difficulté conceptuelle. L’institutionnalisation doit-elle être conçue comme un moment d’un processus ou bien comme le processus lui-même ?

Dans la troisième partie, Travail d’institutionnalisation, le concept est mis à l’épreuve en ce qu’il a de plus opératoire. Ainsi certains de nos auteurs analysent le devenir de quelques organisations. Tel est le cas de Lucette Colin et Remi Hess dans leur étude sur l’OFAJ ou bien de Jean Manuel Morvilliers et de sa réflexion sur une structure pour RMIstes. Georges Lapassade et Bénigno Merino travaillent sur des mouvements. Le premier s’intéresse au soufisme tandis que le deuxième analyse un mouvement indigène en Équateur. Dominique Samson, toujours intéressée par la problématique de l’écriture, montre la place tenue par celle-ci dans le travail d’institutionnalisation à travers le cas des « Vies multiples de François » (d’Assise). Christine Delory-Momberger se penche sur le thème de la production de la subjectivité à la lumière des concepts d’implication, institutionnalisation et transduction tandis que Saïd Acef fait l’analyse d’une nouvelle de Kafka à partir d’une conceptualisation de l’Analyse institutionnelle.

Régine Angel, Christine Delory-Momberger et Débora Sada

 

C’est comme une esp-

èce de truc qui dé-

                                      grin-

                                            go-

                                                 le

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et s’actifère à la moi-

tié et puis réciproque

et recommence.

Putain d’année 2000, le bug a bien eu lieu. D’abord René, et puis Raymond ; c’est fou ce qu’en se suivant ces prénoms défient l’intemporalité et son institution.

Putain d’année 2000, qui a commencé dans un cimetière surplombé par des câbles à haute tension se balançant dans un air humide et froid bercé par les sons d’un poème et d’un saxophone et s’achève… s’achève dans l’optique troublée de monts enneigés et d’une eau glacée… s’achève, s’achève.

René et Raymond sont partis. La nouvelle adresse de Raymond était tant hommageante qu’ambitieuse et l’ancienne de René n’était pas mal non plus. Des havres. Ils avaient créé des havres. On y aimerait s’y retrouver encore.

On a l’air con avec leurs deux nouvelles adresses. Une tombe dans un cimetière et des cendres dispersées.

Si j’osais, j’écrirai encore une fois « putain d’année 2000 » mais je l’ai déjà écrit deux fois et ça serait peut-être une fois de trop.

Putain d’année 2000.

Ré-institutionnaliser l’A.I.

gwen. c, sans les maj, 23XI00

 

SOMMAIRE

 

Présentation du numéro ......................................................................................... 5

Introductions au concept .......................................................... 9

R. LOURAU : Formes parsonniennes et formes bakouniniennes

d’institutionnalisation ............................................................................................ 11

D. SADA : Le moment Agon ................................................................................. 29

Eléments de polémique ........................................................... 35

J. GUIGOU : Médiation ou combinatoire de particules transductives ? ......... 37

R. MARTY : L’institutionnalisation : y a-t-il aporie sous roche ? ................... 45

Travail d’institutionnalisation ................................................. 55

L. COLIN et R. HESS : Institutionnalisation de l’OFAJ ?

L’A.I, un outil d’exploration de l’interculturel ................................................... 57

J-M. MORVILLIERS : Le travail d’institutionnalisation

dans le domaine de la santé publique ................................................................. 65

D. SAMSON : Les Vies multiples de François ................................................... 75

C. DELORY-MOMBERGER : L’institutionnalisation

ou la " fabrique " du sujet ..................................................................................... 87

G. LAPASSADE : Derviches et fokra .................................................................. 97

B. MERINO : Autodétermination des peuples indigènes en Équateur ........ 104

S. ACEF : La promenade de Joseph K. .............................................................. 119

Et puis aussi ........................................................................... 131

Les auteurs ............................................................................................................ 133

Notes et impressions de lecture ......................................................................... 135

Actualité ................................................................................................................ 143

Sommaires de revues ........................................................................................... 161

Le prochain numéro ............................................................................................. 172

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