Présentation du numéro

Nous voulions donner à voir l’actualité des démarches d’intervention fondées dans les sciences sociales au cours des années 60/70 : qu’en est-il dans le contexte socio-économique, politique et culturel que nous connaissons ? Qui sont ces intervenants, qui sont leurs clients ou leurs participants ? Quelles formes prennent les commandes passées, les dispositifs et les processus mis en oeuvre ? Dans quelles formes sociales travaillent-ils ? Comment se renouvellent-ils, assurent-ils la formation de leurs membres ? Sur quels problèmes, quelles questions, travaillent-ils plus particulièrement ?

C’était ainsi l’entrée par le marché que nous proposions, offres / demandes / commandes / formation des intervenants et les problèmes rencontrés. Mais c’était aussi interroger les rapports d’implications multiples de ces modes d’action par lesquels nous intervenons sur/dans ce contexte socio-politique.

 Très vite, dans la préparation du numéro les difficultés sont apparues :

La délimitation de notre objet est problématique : l’intervention même référée à des corpus théoriques psychosociologiques et sociologiques implique des choix à faire, de sensibilités, de groupes ou de personnes à solliciter. Comment constituer un échantillon - et représentatif ! - ni trop restreint ni trop large ? L’originalité criante de l’intitulé de ce numéro en témoigne.

L’histoire des théoriciens de l’intervention des années d’origine est marquée de conflits plus ou moins vifs, exprimant des divergences théoriques mais aussi épistémiques et politiques. Certes les revues de ses années premières ont trouver à les rassembler. Un ouvrage collectif, L’intervention institutionnelle est paru en 1980. Toutefois il s’agit ici de les réunir à nouveau pour cet « état des lieux »  proposé par Les Cahiers de l’implication, revue de l’un de ces courants, l’Analyse institutionnelle. S’engager dans notre commande exigeait sans doute plus que le temps proposé aux auteurs ainsi sollicités.

Le projet intègre deux dimensions qui ne sont pas elles non plus sans poser problèmes : l’entrée par le marché et par l’implication ne va pas forcément de soi, y compris pour les institutionnalistes.

 Ainsi force est de reconnaître que le projet était particulièrement ambitieux.

 Face à cette commande gigantesque et délicate, passée à différents courants de l’intervention (nous avons pensé aux psychosociologues, à la sociologie Tourrainienne, à la sociopsychanalyse, aux socianalystes Van Bockstaliens et aux institutionnalistes français et latino-américains), certains ont déclaré forfait et d’autres ont accepté.

Nous avons reçu des articles d’auteurs individualisés qui constituent un ensemble offrant un traitement éclaté de la commande et privilégiant certaines questions aux détriment d’autres.

L’intérêt de ce contenu se trouve donc à la fois dans ce qu’il manifeste en plein et en creux : l’avancement d’une problématique, celle de l’intervention, comme travail des conflictualités sociales prise elle-même dans cette conflictualité.

Du côté des pleins, que trouve t-on dans ce numéro ?

A. Savoye ouvre le débat sur l’intervention : issue des sciences sociales elle est étrangement présente, aujourd’hui, sur le marché de la consultation. On trouve ensuite dans cette première partie, l’intervention - un concept pluriel, une présentation de différentes démarches d’intervention élaborées dans les années 60/70.

La seconde partie traite de la socianalyse institutionnelle. G. Lapassade s’intéresse aux questions de formation et d’intervention dans le dispositif socianalytique. C. Gilon et P. Ville montrent la diversité de ses terrains et le travail des analyseurs. Elle se termine sur un point de vue très critique quant aux orientations professionnalisantes de la socianalyse.

Avec la partie suivante, Monographies, nous découvrons le travail socianalytique dans son cheminement : D. Hocquard nous laisse voir les déambulations socianalytiques d’une formation à l’analyse institutionnelle ; R. Lourau nous présente une socianalyse qui s’étale dans le temps, caractéristique fréquente des socianalyses actuelles qui tranche avec les socianalyses «  brèves »  des années fondatrices.

La dernière partie, Formation, présente des manières par lesquels les socianalystes se forment dans l’expérimentation de places différentes : rotation des membres du staff intervenant, observateur, client d’une socianalyse. Innovations, critiques, interrogations, le débat reste ouvert.

Laura Catini, Tani Dupeyron, Alain Grassaud, Danielle Guillier

SOMMAIRE

 Présentation du numéro .................................................................................. 5

 L’intervention : un concept pluriel .....................……………..................... 7

 A. Savoye : La résurgence de l’intervention ..................................................... 9

M-F. Adenier : L’intervention théâtrale et le Théâtre de l’Opprimé.................. 17

E. Enriquez : Implication et distance ............................................................... 33

G. Mendel : La pratique sociopsychanalytique .................................................. 43

P. MONTECCHIO : Effet d’intervention d’une pratique ethnographique ............. 53

R. PETIT : Intervention, ambiance ................................................................. 61

 Socianalyse .......................................................................……………..... 69

 G. Lapassade : Du dispositif socianalytique de formation

                        au dispositif socianalytique d’intervention ............................... 71

C. Gilon et P. Ville   : Socianalyser ou saisir le social en ébullition .................... 81

D. ChÂtelain : Intervention dans le débat .............................................….. 109

 Monographies ...............................................................…………........... 113

 D. Hocquard : Quelques leçons d’une formation

                                à l’Analyse institutionnelle ..................................…...... 115

R. Lourau : Dispositif et champ d’intervention ..............................…............ 129

 Formation .......................................................................……………...... 143

 L. Catini et G. Monceau : Le staff tournant .................................................. 145

M. Carillo : Comment peut-on ne pas devenir socianalyste ? ........................ 153

R. Lourau : La socianalyse dans l’Analyse institutionnelle,

                                l’Analyse institutionnelle dans la socianalyse ................. 161

R. Angel et A-L. Eme : Trois interventions côté client .................................. 167

 Et puis aussi .................................................................…………............ 177

 Les auteurs ................................................................................................. 179

Notes et impressions de lecture ................................................................... 183

Sommaires de revues .................................................................................. 189

Le prochain numéro .................................................................................... 198